Certaines startups Deeptech cochent toutes les cases. Une techno de rupture. Une équipe solide. Un impact sociétal prometteur. Des premiers tests concluants. Et pourtant… elles échouent à franchir le cap du marché.
Le constat est dur, mais clair : ce n’est pas la technologie qui fait défaut, c’est l’exécution.
Le piège des évidences
Ce qui semble évident ne l’est jamais dans l’action. Passer d’une preuve de concept à un produit industrialisable est un chemin semé d’embûches. Trop de projets confondent prototype et produit fini. Ils avancent avec enthousiasme, mais sans méthode, sans feuille de route claire, sans intégration des contraintes terrain ou industrielles.
Résultat : des mois, voire des années de travail qui ne se transforment jamais en succès commercial.
Des exemples concrets… qui tournent mal
VanMoof, Juicero, Dyson EV, Magic Leap… Ces noms ont en commun une technologie impressionnante et des investissements massifs. Mais leur point faible a été le même : une exécution mal cadrée.
• VanMoof a souffert d’un produit fragile, difficilement maintenable.
• Juicero, symbole d’overengineering, a été moqué pour la déconnexion entre l’usage réel et le produit.
• Dyson a stoppé son projet de voiture électrique, malgré 2 milliards de livres investis, car son modèle économique ne tenait pas la route.
• Magic Leap a levé des milliards, sans jamais trouver son marché.
• Humane et son AI Pin ont déçu dès la sortie, malgré un storytelling parfait et une technologie bluffante.
Tous ces échecs partagent un dénominateur commun : une incapacité à transformer une vision en un produit utilisable, viable, adopté.
La R&D n’est qu’un début
Une preuve technologique ne vaut rien si elle ne s’inscrit pas dans une logique produit. Ce n’est pas parce qu’un prototype fonctionne en laboratoire qu’il répond à un besoin utilisateur réel. Entre un POC et un produit industrialisable, il existe un écart majeur :
• Le POC teste la faisabilité technique.
• Le prototype explore l’usage dans un environnement simulé.
• Le produit industrialisable est stable, conforme, maintenable, reproductible.
C’est cette dernière étape que beaucoup de startups ne franchissent jamais. Et pourtant, c’est là que tout se joue.
Les 7 erreurs qui ruinent les meilleurs projets
1. Confondre prototype et produit
2. Négliger les usages réels
3. Modéliser sans figer les fonctions clés
4. Construire trop complexe, trop tôt
5. Reporter les contraintes réglementaires et industrielles
6. Avancer sans jalons ni roadmap
7. Aller trop vite sans cadrage initial
Chacune de ces erreurs est fréquente. Ensemble, elles sont fatales.
Le vrai fossé : l’usage réel
Ce n’est pas la technologie qui manque. C’est la réponse à une vraie situation d’usage. Un produit ne vit pas en laboratoire. Il vit dans un environnement réel, avec des utilisateurs réels, des contraintes réelles. Poser les bases d’un produit, ce n’est pas lister toutes les fonctions possibles.
C’est définir une vision claire et réaliste : pour qui, pour quoi, dans quel contexte, avec quelles contraintes. Ce cadre permet ensuite de faire les bons arbitrages.
L’absence de cette réflexion mène à des produits trop fragiles, trop chers à fabriquer, mal pensés pour l’usage terrain.
Structurer l’exécution, sans brider l’innovation
La structuration d’un projet Deeptech ne ralentit pas l’innovation. Elle l’accélère. Elle permet d’éviter les à-coups, les pertes de temps, les redesigns coûteux. Cela passe par une méthode rigoureuse :
• Une Étude Amont Produit pour poser le cadre : architecture, usages, risques, jalons.
• Une roadmap lisible, découpée en étapes claires.
• Des jalons de validation progressifs, croisés avec les experts.
• L’intégration précoce de la réglementation, de l’industrialisation, de l’ergonomie.
• Une traçabilité entre besoins, fonctions, validations.
La méthode SYNTHERA développée par SOREAM illustre bien cette approche. Elle structure les projets tout en laissant de l’espace à la créativité. Ce n’est pas un carcan. C’est un socle.
Ce qui semble évident… ne l’est jamais
Poser les bases d’un produit, structurer l’exécution, intégrer les contraintes dès l’amont… tout cela relève du bon sens. Mais dans les faits, peu de projets le font.
Pourquoi ? Parce que la culture technique domine. Parce que les biais cognitifs jouent à plein :
• On pense que les ingénieurs de R&D sauront piloter un produit.
• On filtre les signaux d’alerte pour ne pas remettre en question la vision.
• On sous-estime la complexité de l’exécution.
Reconnaître ces biais n’est pas une faiblesse. C’est une preuve de maturité stratégique.
Il n’est jamais trop tard
Beaucoup de startups pensent qu’il est trop tard pour structurer leur projet. C’est faux. Le développement produit n’est pas un chemin linéaire. C’est un processus fait de retours, d’itérations, de pivots. Il peut être repris, recadré, réorienté, si les bases sont enfin posées. Reprendre son projet avec méthode permet :
• De rétablir une trajectoire claire.
• De rationaliser les choix techniques.
• De gagner en maîtrise budgétaire.
• D’intégrer enfin les réalités du terrain.
Ce n’est pas reculer. C’est construire sérieusement ce qui avait été imaginé brillamment. Parce que ces startups avaient tout pour réussir. Il ne leur manquait qu’un cadre.
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