Industrialiser un projet Deeptech : le vrai défi de l’innovation

 

Les startups Deeptech ont une chose en commun : elles portent des technologies de rupture, souvent issues des meilleurs laboratoires de recherche. Et pourtant, beaucoup d’entre elles échouent avant même d’atteindre le marché. 

Le problème ne vient pas de la technologie. Il vient de l’industrialisation. Ou plutôt : de son absence

 

De la techno au produit : deux mondes différents

Transformer une innovation en produit prêt à être commercialisé, ce n’est pas prolonger la R&D. C’est changer de paradigme. Dans la phase technologique, l’objectif est d’explorer, prouver, repousser les limites. Dans la phase industrielle, il faut concevoir un système robuste, fiable, reproductible, intégrable dans une chaîne de production… et surtout, adapté à un usage réel. Les compétences requises sont différentes. Un excellent ingénieur en R&D ne saura pas forcément structurer une architecture produit industrialisable. 

Et inversement. Confondre ces deux logiques, c’est prendre le risque de tout perdre : 

• Des produits mal conçus pour l’assemblage ou la maintenance

• Des coûts de production explosifs. 

• Des délais hors de contrôle. 

• Et parfois, une équipe technique démobilisée ou qui quitte le projet.

 

Industrialiser, c’est structurer

L’industrialisation ne se résume pas à "fabriquer en plus grand". C’est une discipline en soi, avec ses enjeux propres : 

Architecture produit : elle doit intégrer les contraintes d’assemblage, de test, de conformité réglementaire. 

Choix technologiques : une techno performante mais exotique peut ruiner une chaîne logistique. 

Approvisionnement : la stabilité fournisseur et la disponibilité en série priment sur la performance brute. 

Ergonomie : l’utilisateur final ne pardonnera pas un produit complexe, même s’il est révolutionnaire. 

Un produit industrialisable, c’est un compromis maîtrisé entre performance, faisabilité, coût, qualité et usage.


Pourquoi c’est devenu si compliqué ?

Aujourd’hui, développer un produit Deeptech, c’est jongler avec de la mécanique, de l’électronique, du logiciel embarqué, parfois de l’IA, du cloud… le tout dans un cadre réglementaire strict, avec des exigences utilisateurs qui ont explosé. Un bon produit ne peut plus se contenter d’être fonctionnel. Il doit être intuitif, fiable, élégant, économique, et sécurisé. Et pendant ce temps, la concurrence internationale n’attend pas. Celui qui fait les bons choix d’architecture, de techno ou de time-to-market rafle souvent la mise. Même avec une technologie moins avancée.

 

3 clés pour réussir sa phase d’industrialisation

1. Nommer un chef de projet interne dédié. 

Quelqu’un qui fait le lien entre la vision stratégique et la réalité terrain. Qui parle aux partenaires industriels, challenge les choix techniques, et suit les jalons. 

2. Choisir un partenaire qui va jusqu’à la production. 

Un partenaire impliqué dans la fabrication a tout intérêt à bien concevoir le produit dès le départ. Il partage vos risques. Et donc, vos objectifs. 

3. Construire une relation de long terme. 

Pas un simple prestataire, mais un partenaire qui s’engage. Qui ne disparaît pas une fois les plans livrés. Qui est capable de pivoter, de conseiller, de s’adapter avec vous. 

Bonus : ne jamais avoir peur de challenger les experts. Ce n’est pas parce qu’ils sont spécialisés qu’ils ont toujours raison. Un bon partenaire explique, justifie, ajuste.

 

3 erreurs fréquentes… à éviter absolument 

1. Aller trop vite vers un prototype. 

Un "démonstrateur" rapide peut masquer une architecture bancale. Et obliger à tout refaire après. Mieux vaut poser une base solide, quitte à prendre un peu plus de temps. 

2. Choisir un partenaire pour de mauvaises raisons. 

Affinités personnelles ou prix bas ne suffisent pas. Ce qui compte, ce sont les compétences, les références, et la capacité à vous suivre dans la durée. 

3. Se censurer. 

Trop de fondateurs n’osent pas interroger les décisions techniques. Pourtant, le dialogue critique est essentiel. Vos intuitions de marché comptent autant que la technique.

 

Une méthode : l’Étude Amont Produit 

Le guide de Manuel Paris met en lumière une étape décisive : l’Étude Amont Produit (EAP). C’est le moment où la technologie, les contraintes industrielles, les usages, les coûts et la roadmap produit se rencontrent. 

Objectif : poser une architecture cohérente, réaliste, industrialisable. C’est ce socle qui conditionne la suite : le passage en série, le time-to-market, et in fine… la survie du projet.

 

Crédit : Ce blog est inspiré du guide « Réussir son industrialisation » écrit par Manuel Paris, Président de SOREAM, spécialiste du développement produit pour les startups Deeptech.

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